La première fois que j’entendu ces mots, ils sont venus de la bouche de mon grand-père.
Cette personne que j’adorais, je parle souvent de lui et j’utilise encore aujourd’hui régulièrement ses précieux enseignements- il a toujours eu cette façon peu commune de transmettre des messages et surtout… il semblait toujours choisir le moment parfait, le moment le plus sage pour les délivrer.
J’avais environ 6 ans et mes parents et moi-même vivions au deuxième étage de la maison de mes grands parents. Mon activité préférée était d’aider mon grand père à la récolte du jardin. Vous savez ! L’aider à ramasser les choux, la salade, les carottes etc. …
Les animaux nous entouraient. Nous vivions dans une ferme en Bourgogne et le jardin était gigantesque.
Un jour, comme nous retournions le sol pour partir à la récolte des pommes de terre, j’étais vraiment excité en découvrant comment, avec une simple “pelletée”, nous en découvrions autant. Sous ce sol, en dessous de ces feuilles vertes, il y avait des pommes de terre par centaines. Plus je creusais dans le sol, plus il y en avait. Mes yeux étaient remplis d’étonnement et d’émerveillement.
“Pépé ! Pépé ! Regarde ! Il y en a partout !”
Nous étions a genoux pour les ramasser et je jouais au fermier !
Il leva la tête en souriant, ajusta son béret, me regarda en attendant que je me connecte avec lui. Il me regarda dans les yeux. Et c’est là, avec une voix douce et un discours lent, qu’il a laissé tomber comme une bombe cette phrase qui résonne encore dans ma tête aujourd’hui.
“Tu récoltes ce que tu sèmes…”
Prisonnier des Allemands, ayant connu la famine en prison, j’ose imaginer du haut de mes 6 ans, ce que cela peut signifier pour lui.
Plus tard ce soir-là, je dînais avec mes grands-parents et Pépé ne manquait pas de me rappeler qu’aujourd’hui était le résultat de tout le travail et les efforts fournis dans son jardin depuis toutes ces dernières années, comment il avait alterné ses plantations, la façon dont il avait laissé le sol se reposer. Depuis mon plus jeune âge, je l’ai toujours vu quitter la maison juste après le lever du soleil pour revenir au coucher du soleil, après avoir fermé soigneusement le poulailler.
Bien évidemment je le rejoignais pendant la journée ici et là, mais après un certain temps, j’étais heureux de revenir à des activités plus amusantes.
Ce soir-là, il m’évoquait combien il était important d’aimer ce que j’allais faire dans la vie… ou il n’y a pas de raison de le faire ! Il a également mentionné la façon dont il était responsable pour ce qu’il avait décidé de planter. Il leur a donné la vie ! Donc, il se devait de les accompagner jusqu’à la fin avec soin et amour.
«Hum! Pépé bien!» Je dois avoir répondu, en mangeant ma soupe.
Ce sera bien entendu seulement quelques années plus tard, que la pleine signification de ces mots viendra à moi. Il ne parlait pas seulement de nos légumes qu’il “élevait”. Il parlait d’être avec toute créature vivante avec laquelle nous décidons de « s’investir» et s’engager. Il parlait d’une relation et de prendre soin d’une telle «chose».
Alors, quand les chevaux sont venus dans ma vie plus tard, j’avais déjà ce fort sentiment qu’ils n’étaient pas seulement la pour m’amuser, mais que je devais prendre soin d’eux a de nombreux niveaux différents, que je devais nourrir beaucoup plus que leur corps. , qu’ils comptaient sur moi pour vivre et survivre. En d’autres termes, je devais continuer à les “arroser” et prendre soin d’eux du mieux de mes capacités. J’étais maintenant responsable d’un autre être et plus le temps nous passerions ensemble, plus nous allions devoir nous écouter les uns aux autres, le plus de travail et d’amour nous allions déverser dans cette relation, le plus d’attention nous allions nous donner, définiraient notre intimité. Et puis nous allions ensemble récolter ce que nous avions planté, et ceci chaque jour qu’il allait nous être donné d’être ensemble.
Ma constance pour tout ceci allait être un élément crucial.
Des années plus tard, alors que je rencontrais le célèbre Ray Hunt, j’ai instantanément vu l’image de mon grand-père dès qu’il a commencé à parler des chevaux. Je ne l’ai entendu dire cette même phrase exactement, mais il le disait avec tant d’autres mots tels que « La constance de votre cheval est la vôtre! », « Ne venez pas pleurnicher et vous plaindre si vous ne passez pas de bon temps ensemble. »
Le manque d’amour, de présence authentique ou le manque de travail vont diminuer la récolte. Vous sortirez du sol ce que vous y mettez!
Je sais maintenant que de ne pas être avec le cheval -et/ou d’être avec lui pauvrement, n’apportera pas beaucoup de pommes de terre sur la table.
Après tout, c’est très simple. Il n’y a pas de secrets !
Nous devons nourrir ce qui nous nourrit.